La valeur affective derrière l’intérêt artistique : c’est toute l’originalité et l’émotion qui frappent dans la double exposition proposée ce printemps 2023 au Musée Jenisch de Vevey. Une manière d’hommages en abyme !

Jusqu’au 28 mai, « Un collectionneur idéal » révèle, de son côté, le rôle exemplaire d’appui à la création et à la diffusion d’œuvres d’art visuel joué par un collectionneur et mécène aussi généreux que discret : Edmond Bourqui. Un homme d’une grande modestie d’origine et de caractère mais d’une remarquable constance et perspicacité de regard. À l’instar d’un de ses artistes favoris : André Evrard...

Impressionnante, l’exposition réalisée en partenariat avec l’Institut Ferdinand Hodler [1], fournit l’occasion rare de mesurer l’importance du « cycle de Valentine » dans l’histoire de l’art comme dans la vie affective tumultueuse du peintre, en mettant en lumière la femme au-delà du modèle, en évoquant la relation particulière d’Hodler à la mort, les ambivalences des relations humaines, Elle offre en outre un accès numérique aux carnets de notes et croquis de l’artiste, qui éclairent encore ces intrications entre vie personnelle et démarche artistique.

En contraste avec la notoriété universelle du nom d’Hodler, celui d’Edmond Bourqui ne figure même pas sur l’affiche de l’exposition qui lui rend un bel et mérité hommage en occupant tout le Pavillon de l’estampe [2] . Clin d’œil à la discrétion et à la modestie d’un homme dont le musée, via la Ville de Vevey, est un important donataire (près de 300 estampes). Celui-ci explique que la collection Bourqui « est le reflet de multiples rencontres mais elle témoigne surtout de la générosité d’un amateur d’art tourné vers le partage. Homme attentif et curieux, il promeut à son échelle l’art contemporain. Il a constitué un fonds à la fois équilibré et plein de contrastes, dans lequel les oppositions de formes, de couleurs ou de techniques sont révélatrices des divers courants artistiques ayant animé l’art de l’estampe ces cinquante dernières années. L’exposition (...) se veut un hommage à ce collectionneur et mécène bienveillant, mais offre aussi un panorama des recherches contemporaines dans le domaine de l’impression d’art en Suisse. » Une appréciation qui, rapportée à l’importante présence d’Evrard dans la collection, constitue aussi un hommage indirect à la valeur de l’œuvre de notre artiste fétiche... [3]

Les deux expositions sont accompagnées d’une publication imprimée.